La plupart des gens deviennent paralysés ne serait-ce que par l’idée de devoir parler en public. Pas moi.
Pour moi, être devant un ensemble de gens en chair et en os est une opportunité — chose que les projections de mes films dans des salles obscures ou les forums anonymes en ligne ne m’offriront jamais. Je peux délivrer mon message en direct, interagir avec un public vivant, m’adapter à son énergie, répondre aux questions — surtout celles qui dérangent. Comme celles auxquelles je me confrontent lors des séances de questions-réponses après projection, où professionnels du cinéma, critiques et étudiants remettent en doute ma position.
Non seulement cela m’oblige à clarifier et structurer mes pensées, mais cela m’apporte aussi des perspectives inédites. Un échange gagnant-gagnant entre le public et moi.
Prendre la parole en public n’est plus un défi pour moi — c’est devenu naturel, grâce à :
C’est seulement avec du recul que je réalise que ma voix a été formée dès l’enfance. Soliste dans un chœur d’une Музыкальная Школа (École de Musique) soviétique, j’y ai appris à projeter ma voix, sans micro, dans les salles de concert. Plus tard, acteur principal dans une troupe de théâtre au lycée, j’ai perfectionné mon contrôle du souffle, mon assurance et ma projection vocale. Ces expériences m’ont appris à imposer ma présence — sans micro, sans hésitation.
Ou plutôt, à faire de l’hésitation une arme oratoire, un moment suspendu pour mieux captiver.
Mais qu’est-ce que la projection, la présence ou la tension, sinon du souffle modifié par les lois physiques élémentaires ? La voix n’est rien d’autre qu’une respiration maîtrisée par le diaphragme.
Je pratique le pranayama depuis des décennies, grâce à ma grand-mère qui m’a initié au yoga enfant. Cette discipline se traduit directement par la puissance vocale, l’endurance, et la capacité à maintenir l’attention d’un auditoire pendant des heures sans fatigue.
En tant que leader, il m’arrive de devoir remotiver des équipes sous pression. Un plateau de tournage noyé par le stress ? Un public de festival sceptique face à mon travail ? Des étudiants qui hésitent sur la marche à suivre ? Je sais quand livrer un discours énergique, quand expliquer calmement des concepts complexes, et quand laisser le silence œuvrer.
Je parle anglais, français et russe comme des langues maternelles, comme nous le faisons en famille, ayant grandi dans différents pays et cultures — en basculant naturellement selon le public. Le français était exigé au Lycée français de Moscou. Le russe, dans mon lycée moscovite. Et à l’ESCP Europe à Paris, les cours de vente et négociation incluaient même des amphithéâtres équipés de micros, où les profs écoutaient en direct mes présentations face à des professionnels européens pas toujours bienveillants. Se contenter de lire des slides PowerPoint n’aurait jamais suffi.
Imaginez-moi, tentant de convaincre d’investir dans une entreprise totalement en ligne avec télétravail généralisé… en 1998. On me traitait de techno-utopiste déconnecté de la réalité. Balancer « OK, boomer » n’était pas une option à l’époque. La logique rigoureuse héritée de l’école soviétique et les statistiques m’ont sauvé — j’ai obtenu moins que demandé, certes, mais presque tous ont admis plus tard que ma vision était prémonitoire.
J’ai donné conférences et interviews dans les trois langues. Modéré par des médias comme Canal+, Kommersant ou Trax Magazine. Dans des festivals, écoles de cinéma, rencontres professionnelles et conférences créatives à travers le monde.
Que je m’adresse à des experts ou à des étudiants, j’évite jargon et abstraction. Je clarifie mes propos par des exemples concrets tirés de mes propres échecs ou anecdotes, en puisant dans mon expérience en cinéma, photographie, design, technologie ou sport.
Je ne fais pas de conférence magistrale. J’engage. Je provoque.
Je délivre des interventions directes, spontanées, percutantes. Mon approche, fondée sur l’expérience, la précision et un savoir transversal, contraste avec la tendance actuelle à l’hyperspécialisation.
Certains me trouvent trop tranché, incisif, exigeant, intraitable. Peut-être ont-ils raison : héritage pédagogique soviétique et rigueur suisse obligent. Mais je mise toujours sur l’action et les résultats. J’ai intégré Magnum, Sipa puis Getty dès l’adolescence, sans connaître personne dans le milieu. Juste en parlant. J’ai remporté des contrats grâce à un discours plus pro, plus orienté business que celui d’autres créatifs. Taschen a publié mes travaux. Des financiers ont financé mes longs-métrages quand j’ai basculé de l’image fixe au cinéma en 2011.
Ni peur ni hésitation. Juste clarté, présence, vérité. Voilà ce que j’apporte sur scène, en festival ou devant un public pro exigeant.
Parlons-en ensemble.
ASTUCE: Pour imprimer les images, cochez «Imprimer les fonds» dans les préférences de votre navigateur.