(voici l’original du synopsis de Kvadrat daté de 2011-04)
Long-métrage documentaire qui explore le métier de DJ techno, prenant pour exemple le travail d’Andrey Puskarev, DJ russe reconnu mondialement.
Filmé comme un hybride entre un road-movie et un clip musical, le film se distingue par son approche réaliste et multifacette.
D’un côté, le film décrit l’ambiance particulière de fête et de communion musicale que l’on trouve dans les clubs techno. D’un autre côté, le film expose le travail créatif du DJ, invisible aux habitués des boîtes de nuit. Une prestation de 2 heures dans un club ou à la radio – très glamour – est précédée par des semaines, des années de tri et de sélection de musique, par des pénibles vols long-courrier, par la solitude dans des pays étrangers… pas du tout glamour.
Les images s’accompagnent de musique deep techno de DJ Pushkarev, mixée spécialement pour le film, ainsi que des dialogues réels avec les employés des clubs et le public.
Comme toute profession, la profession de DJ comporte des avantages et des inconvénients. À la différence des documentaires qui ont déjà traité de la musique électronique et de ses créateurs, notre film éclaire aussi bien les plus que les moins de ce métier.
Le film trace plusieurs sujets parallèles dans différents pays:
Les rythmes des dance floors des clubs techno (France, Allemagne, Roumanie, Hongrie, Suisse, Suède, Angleterre, Russie, Ukraine, Équateur, Colombie, Argentine, Brésil) alternent avec la monotonie des voyages. L’obscurité des clubs tranche avec le soleil du jour qui empêche de s’endormir après une nuit de travail. Le bruit des enceintes assomme le silence des appartements. Les foules des aéroports noient la solitude des hôtels similaires. Les mégapoles européennes remplacent la province russe. Le métro et les avions. Les taxis et les trains.
Un regard exclusif derrière les coulisses de l’industrie de musique techno: des semaines de recherche artistique pour quelques heures de prestation dans un club. La beauté d’un mix filtré et la médiocrité des tonnes de tracks rejetés. L’amour pur de la musique et les négociations laborieuses avec les responsables des clubs.
Le film omet les éléments typiques d’un documentaire: aucun interview, pas d’explications par voix off, pas de faits ni de chiffres. Les images et la musique techno les remplacent, pour laisser l’interprétation détaillée au spectateur.
Malgré son aspect international, le film est traversé par la dichotomie de la culture russe: la joie insouciante de la fête coexiste avec la nostalgie de l’Idéal.
Le film montre aux étrangers que la Russie, ce n’est pas seulement Moscou et Saint-Pétersbourg. Que des artistes talentueux et travailleurs se manifestent spontanément dans d’autres coins du pays. Les images de la petite ville natale du DJ – Votkinsk, près d’Ijevsk – la beauté en demi-teintes, la puissance silencieuse et le calme du Préoural, dépeignent l’atmosphère de la musique dub techno jouée par Pushkarev.
Le film souligne le décalage entre la réalité et l’image stéréotype d’un musicien, propose de réfléchir un peu plus, de se demander si l’artiste est heureux, qu’est-ce qui est le plus important pour lui et pour son public?
Devrais-t-on considérer le DJ comme un divertisseur de foule alcoolisée ou comme un guide dans un monde complexe de musique électronique non-commerciale? S’agit-il d’un transfert de vision musicale du DJ vers son auditoire ou juste d’une stimulation des danses de weekend? Devrais-t-on interpréter les déplacements sans arrêt comme des voyages passionnants, un rêve, ou comme des corvées qui épuisent corps et âme? Se réjouir de nouveaux amis et collègues, ou déplorer la vacuité des conversations de resto? S’amuser à apprendre des langues étrangères ou se heurter à la barrière linguistique? Apprécier le mouvement sans fin ou regretter l’absence de constance, de sérénité, d’un chez-soi? S’enthousiasmer pour le progrès des technologies numériques dans le monde de la musique ou pleurer la disparition progressive du vinyle?
Le film laisse ces questions sans réponse, les scènes se projettent vers l’infini. Comme dans un mix techno, les tracks se déversent l’un dans l’autre, pour que le spectateur puisse former son propre opinion sur la profession du DJ et le travail d’Andrey Pushkarev.
(durées standards d’un set dans l’industrie de musique techno)
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